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Industrie automobile : Quels sont les enjeux et comment y répondre ?

La filière automobile a un poids majeur dans l’économie française. Avant la crise sanitaire, elle représentait environ 400 000 salariés, plus de 10 % des exportations de biens et plus de 20 Mds€ de valeur ajoutée.

L’industrie automobile est aujourd’hui confrontée à des difficultés multiples.

D’une part, les volumes de vente et la production se sont effondrés en 2020 du fait des mesures de confinement et de ses conséquences sur l’approvisionnement en semi-conducteurs et sur le coût des matières premières. Malgré une reprise amorcée fin 2022, avec une progression moyenne de +15,3%, le 1er semestre 2023 accuse néanmoins un repli de -23,7% par rapport au 1er semestre 2019.

D’autre part, l’industrie automobile est en pleine mutation face aux changements géopolitiques, économiques, sociétaux et environnementaux.

Un marché en pleine mutation

Le réchauffement climatique et l’envol du coût de l’énergie impactent fortement les comportements d’achat des clients.

Au-delà du facteur économique qui reste un critère de choix important, les consommateurs sont de plus en plus soucieux de l’impact environnemental et sont de plus en plus enclins à opter pour des véhicules qui :

  • Offrent une conduite plus respectueuse de l’environnement.
  • Permettent de réduire la consommation énergétique.
  • Permettent de réduire les émissions de CO2.
  • Sont issus d’une production durable, permettant par exemple le recyclage des matériaux.

D’autres facteurs ont fortement perturbé l’industrie automobile.

De nouveaux acteurs émergents ont innové en introduisant de nouvelles technologies, en redéfinissant les modèles de mobilité et en stimulant la demande pour les véhicules électriques et autonomes.  On peut citer bien sûr Tesla et Uber mais également, Waymo, filiale de Google pour les véhicules autonomes, Blablacar pour les services de covoiturage.

Par ailleurs, les constructeurs automobiles doivent prendre en compte les nouvelles règlementations qui accompagnent les évolutions sociétales et technologiques :

  • Les normes environnementales de plus en plus restrictives.
  • Les aides financières qui amplifient l’attrait pour les véhicules électriques.
  • Le renforcement des normes de sécurité comme la mise en œuvre dans l’Union Européenne de systèmes avancés de freinage d’urgence capables de détecter les piétons et les cyclistes à partir de 2024.
  • Les nouvelles règlementations permettant d’encadrer les véhicules autonomes et les technologies de connectivité embarquée.

Les stratégies de l’industrie automobile pour adresser ces enjeux

Accompagner la transition énergétique

Pour répondre aux attentes du marché, les constructeurs automobiles doivent accélérer la transition vers l’électrification comme le montre le graphique ci-dessous.

La part des véhicules hybrides devrait décroître, car ils ne sont plus éligibles aux aides de l’État depuis cette année.

La transition vers l’électrification induit une augmentation des investissements dans la recherche et développement et la mise en place de partenariats et de collaborations avec d’autres acteurs de l’industrie et des start-up innovantes dans les technologies supportant cette transition :

  • Les batteries haute performance.
  • Les systèmes de propulsion électrique.
  • La gestion de l’énergie et les matériaux légers pour améliorer l’efficacité énergétique des véhicules.
  • Le développement de réseaux de recharge étendus accessibles et fiables et de solutions de recharge à domicile.

Certains constructeurs investissent aussi dans la mise en œuvre d’un carburant de synthèse (eFuel), une technologie poussée par Porsche, afin de prolonger l’utilisation de véhicules thermiques tout en réduisant les émissions de CO2. Ainsi Stellantis a réalisé des tests de compatibilité de ce carburant sur ses moteurs.

Développer la connectivité et intégrer des technologies avancées

Les clients attendent désormais des voitures qu’elles soient connectées et intègrent des technologies avancées.

La connectivité et les technologies avancées permettent entre autres :

  • D’améliorer la sécurité grâce à des systèmes d’assistance à la conduite, aux caméras et capteurs de collision, aux systèmes de freinage d’urgence.
  • Fournir des informations en temps réel sur les conditions de circulation, les itinéraires, alternatifs, les points d’intérêts.
  • Fournir des services d’assistance routière connectés (demande d’aide en cas de panne ou accident par un simple appui sur un bouton).
  • Fournir des services de suivi et diagnostic à distance pour surveiller les performances de la voiture, et détecter des problèmes potentiels.
  • Permettre des mises à jour logicielles à distance.
  • Fournir des applications mobiles permettant de se connecter au véhicule à distance pour par exemple gérer l’état de charge du véhicule.
  • Améliorer les parcours client avec des expériences d’achat plus pratiques et transparentes proposant des outils de configuration virtuelle et des simulateurs de financement.

Proposer des services de mobilité alternatifs

De nombreux consommateurs sont de plus en plus ouverts à des modes de transport alternatifs à la possession d’une voiture individuelle.

La popularité croissante des services de covoiturage, de location de voitures à court terme et de réservation de transport en ligne témoigne de cette évolution.

Les constructeurs automobiles élargissent leurs offres pour inclure des solutions de mobilité partagées, telles que des abonnements de voiture et des plateformes de partage de véhicules.

Vers une production plus durable

Les constructeurs automobiles s’engagent dans des actions permettant une transition vers une production plus durable :

  • Investissements dans des technologies et des pratiques durables pour minimiser la consommation d’énergie, les émissions de CO2, la consommation d’eau et la gestion des déchets.
  • Augmenter l’utilisation des énergies renouvelables dans les installations de production.
  • Développer une économie circulaire permettant la réutilisation des matériaux, la « remanufacturation » des composants, une approche durable de la conception tout au long du cycle de vie.

Concentration mondiale et plateformisation

On observe dans l’industrie automobile une accélération de la concentration mondiale.

En 2019, 19 grands groupes ont un chiffre d’affaires dépassant le milliard d’euros contre 7 en 2016.

En France, cela se traduit par un marché dominé par Renault avec les marques Renault et Dacia et Stellantis avec les marques Peugeot et Citroën malgré une forte concurrence des constructeurs allemands, japonais et coréens.

Cette concentration induit un besoin de rationaliser les chaînes de développement qui se traduit par la mise en œuvre de plateformes de développement par gamme de véhicules et de plateformes techniques.

L’industrie automobile doit se transformer face à cette complexité

La mise en œuvre de ces stratégies nécessite une transformation profonde de l’industrie automobile traditionnelle.

Les entreprises ne fournissent plus uniquement des véhicules, mais aussi des services.

Cette transformation se reflète dans l’évolution des organisations avec des entités dédiées comme « Ampère » pour les véhicules électriques , « Mobilize » pour les services de mobilité et « The future is neutral » consacrée à l’économie circulaire chez Renault.

Le modèle économique peut aussi être fortement impacté. Par exemple, la transition du modèle traditionnel d’achat unique d’un véhicule vers un modèle de revenus récurrent provenant d’abonnements à des services peut nécessiter des ajustements significatifs dans la stratégie commerciale et la gestion financière des entreprises.

Ces évolutions entraînent également une complexité croissante des produits et services fournis.
Porsche a estimé le nombre de lignes de codes dans une voiture connectée (à l’exclusion de la conduite autonome) à 100 millions de lignes de codes contre environ 6,5 millions de lignes de code pour un avion de ligne (Porsche Lean-Agile Transformation Journey).

Dans la même lignée, le directeur général de Renault a déclaré en 2022 que d’ici 10 ans la moitié de la valeur de l’entreprise serait liée à sa capacité de développer du logiciel.

Une transformation facilitée par l’Agilité d’Entreprise

Chez inspearit, nous sommes convaincus que l’agilité d’entreprise peut permettre au secteur automobile de faire face à cette complexité toujours croissante, et aux besoins d’adapter la stratégie aux évolutions de l’écosystème et des attentes des consommateurs.

Voici quelques exemples de nouvelles pratiques basées sur des approches Lean Agile que nous mettons en œuvre chez nos clients et qui montrent une efficacité réelle pour répondre aux défis du secteur automobile évoqués dans cet article.

  • Agiliser la stratégie.
    La mise en œuvre d’une démarche de type OKR en adoptant une approche proactive, itérative et collaborative, facilite l’adaptation en continue des objectifs stratégiques de l’entreprise, leur appropriation et leur mise en œuvre à tous les niveaux de l’organisation.
  • S’adapter à l’évolution des modèles économiques.
    L’évolution des modèles économiques nécessite de faire évoluer les chaînes de valeur existantes. Nous accompagnons nos clients dans leur définition ou évolution et dans la mise en place d’une organisation opérationnelle, alignée sur les flux de valeur qui permet à l’entreprise d’être plus réactive.
  • Soutenir l’innovation.

L’innovation est ancrée dans les approches Lean et Agile que nous recommandons à nos clients. Cela commence par le développement d’une culture de l’innovation en encourageant la collaboration, l’expérimentation, la prise de risque et le droit à l’erreur. Il s’agit ensuite de donner aux collaborateurs les moyens d’innover, en sacralisant des périodes dédiées à l’innovation comme dans le framework SAFe ou 1 itération sur 5 est dédiée à l’innovation. Pour faciliter l’émergence de solutions innovantes répondant aux attentes des consommateurs, nous formons et accompagnons les organisations à des outils comme le design thinking qui permettent une approche centrée client.

  • Optimiser la valeur livrée.
    Le pilotage par la valeur est un principe clé des approches agile et lean.
    En application de ce principe, nous mettons en œuvre chez nos clients des techniques de priorisation par la valeur et nous nous inspirons du lean startup pour définir un MVP (Minimum Viable Product) afin de valider les hypothèses de valeur d’une solution.
  • Agiliser les chaînes de développement de produit.
    L’agilisation des chaines de développement de produit dans le secteur automobile représente un défi car ces chaines mettent en œuvre une multitude de disciplines différentes : électronique, logiciel, mécanique, optique, ingénierie système, designers.
    Cependant, les outils de modélisation de plus en plus évolués permettent aujourd’hui d’itérer sur les développements hardware.

Chez nos clients constructeurs et équipementiers automobile, nous avons progressivement intégré les différentes disciplines dans les dispositifs agiles en développant une collaboration multifonctionnelle pour sortir des silos par discipline.

Transformer une organisation est un processus long et complexe. Pour permettre une mise en œuvre réussie de l’Agilité à l’échelle et du cadre choisi, il faut accompagner les parties prenantes, améliorer les compétences au sein des équipes, favoriser les retours d’expérience, embarquer les fonctions transverses, identifier et faire monter en compétence les intervenants sur le terrain. Au quotidien, Inspearit adresse des problématiques globales en apportant des expertises spécifiques par domaine. Les connaissances approfondies de nos consultants sur les problématiques sectorielles, nous permettent de répondre de façon fine et pertinente, en Conseil et formation, à l’ensemble des enjeux de nos clients. Chez inspearit, l’expertise est clé et nous permet d’adapter nos outils et méthodes aux spécificités de chaque secteur et ainsi répondre aux projets croissants de la transformation numérique.

Pascal Hagnéré, consultant Agilité à l’échelle

Publié le 18/12/2023