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La PNL, au service de la transformation Agile

La Programmation Neurolinguistique (PNL) est un outil précieux pour les coachs Agile qui accompagnent le changement organisationnel, en permettant de débloquer les résistances individuelles et collectives, et de créer les conditions favorables à la réussite du projet de transformation.

En tant que modèle de communication et de changement, la PNL nous aide à mieux comprendre les difficultés rencontrées par les personnes, les équipes et les organisations, et ainsi les aider à les résoudre. En effet, cet outil permet d’améliorer la communication, l’écoute active et la compréhension mutuelle au sein de l’organisation.

En tant que coach professionnelle et coach de transformation Agile auprès des organisations, j’ai toujours cherché à intégrer le coaching professionnel dans chacune de mes missions de conseil. Certifiée en programmation neurolinguistique, j’ai trouvé dans ce modèle des outils et des pratiques qui me servent au quotidien, personnellement et professionnellement.

Qu’est-ce que la programmation neuro-linguistique ?

La programmation neuro-linguistique, modèle crée par John Grinder et Richard Bandler dans les années 70 décrit comment fonctionne un système humain (une entreprise, une famille, une personne) en s’intéressant à son langage. Car, en effet, c’est à travers le langage que nous véhiculons aux autres notre modèle du monde. Ainsi, le contenu et la structure de ce langage sont des programmes que nous avons appris et automatisés par nos expériences, notre culture et nos sens. Ils sont ainsi révélateurs de notre pensée.

Par la description du langage, la PNL se propose de nous aider à mieux comprendre notre système de pensée, et nous donne des clés pour le modifier dans certaines situations quand celui-ci nous limite.

Comment la PNL peut-elle aider dans le cadre d’une transformation Agile ?

En tant que Coach de transformation Agile, je suis amenée à intervenir à plusieurs niveaux :

  • Individuel : montée en compétences d’un Scrum/Agile Master par exemple
  • Équipe : progresser dans sa connaissance & son application des méthodes Agiles afin de mieux s’organiser, travailler pour délivrer un produit à grande valeur ajoutée
  • Managérial : faciliter des ateliers entre différentes directions pour améliorer leur collaboration, aider des managers à trouver la bonne façon d’interagir avec leurs équipes

La programmation neurolinguistique m’a permis, à l’aide de quelques outils simples, de faciliter ce changement.

La PNL et ses cas d’usages  

Prenons l’exemple de l’accompagnement individuel d’un Scrum Master junior dans son rôle auprès d’une équipe. Comment l’aider à prendre conscience de ses forces ? Quels sont ses leviers d’action pour qu’il s’améliore, s’il se trouve en difficulté ?

La première étape consiste à le former au rôle, cela peut être via le Scrum Guide et une première certification Scrum Master (PSM1) afin qu’il puisse maitriser les principes et les valeurs agiles ainsi que le cadre Scrum. Cependant une fois sur le terrain, que faire pour l’accompagner et le coacher efficacement dans les difficultés qu’il peut rencontrer ?

Il existe un outil qui peut se révéler très utile dans ce type de situation :

« Les niveaux logiques » développés par Robert Dilts, qui permettent à l’origine de comprendre comment classer les informations que nous recueillons et de comprendre également comment nous nous adaptons à notre environnement.

Les niveaux logiques au nombre de 6, s’organisent ainsi :

  • Niveau 1 : l’environnement
  • Niveau 2 : le comportement (ce que nous faisons, notre activité)
  • Niveau 3 : les capacités (nos compétences)
  • Niveau 4 :  les croyances et les valeurs (nos motivations, pourquoi nous agissons)
  • Niveau 5 :  l’identité (qui nous sommes)
  • Niveau 6 : Le niveau de notre idéal (notre vision)

Pour comprendre cet outil et son utilisation dans ce contexte, voici deux exemples.

Dans la peau d’un Scrum Master

Imaginez, vous êtes le nouveau Scrum Master référent sur le cadre Scrum auprès d’une équipe et vous avez l’impression d’être incapable par exemple, d’animer une rétrospective. Votre crainte, ne pas être à la hauteur de l’exercice voire perdre vos moyens en tant que facilitateur pendant l’animation et la facilitation de la rétrospective.

Le blocage semble alors se trouver au niveau 3 : les capacités. Ce qui sous-entend que notre Scrum Master a passé le niveau 2 et a les compétences nécessaires pour travailler.

Exemple : « En tant que Scrum Master, je ne pense pas être capable ou compétent pour animer ou faciliter une rétrospective et cela me bloque. »

Dans la pyramide de Dilts quand on a trouvé le niveau où se trouve le blocage, il est nécessaire de regarder au niveau au-dessus pour le résoudre. Ainsi le blocage se trouve au niveau 4 : « Les croyances et les valeurs ».

Que croit ce nouveau Scrum Master concernant ses compétences ? Par quoi est-il empêché d’atteindre son objectif, c’est-à-dire mener à bien la facilitation de son événement agile ?

Une fois que nous l’aidons à identifier sa croyance limitante par exemple : « Je ne peux pas animer car je crois que les autres vont juger mon intervention », il est intéressant de questionner cette croyance « Qu’est-ce qui te fait dire que les autres vont te juger ou que tu ne seras pas à la hauteur ? » ou « Que te faudrait-il pour que tu te sentes capable de réussir ton rôle en tant que Scrum Master ? »

 Une fois qu’il aura réussi à verbaliser sa croyance, il peut être intéressant de l’aider à trouver les ressources nécessaires pour modifier cette croyance ou la dépasser pour avancer.

Montée en compétences d’une équipe de développeurs junior

Les développeurs juniors rencontraient deux types de difficultés :

  • La relecture de code qu’ils effectuaient pour leurs collègues était souvent incomplète avec de nombreux aller-retour pour les correctifs ;
  • Ils avaient du mal à participer à l’affinage du backlog (séance d’affinage des user stories permettant de développer un incrément produit)

La programmation neuro-linguistique propose un outil qui permet à ceux qui veulent s’améliorer dans un domaine de prendre exemple sur ceux qui maitrisent une compétence, et/ou ont une expertise : la modélisation.

PNL, comment fonctionne la modélisation ?

La modélisation propose de connaitre les croyances (ce que l’on croit vrai), les valeurs (ce qui est important pour moi), la perception de l’expert afin d’effectuer un transfert de compétences auprès de celui qui veut se perfectionner.

Cela peut se faire en présentiel avec l’expert (ou le modèle), celui que la PNL appelle « l’acheteur » (celui qui souhaite acquérir une expertise) et une troisième personne (en l’occurrence le coach, moi) qui s’assurera que le transfert s’effectue.

Illustrons ce cas par un exemple concret pour comprendre comment cela se passe :

Julien est lead développeur sénior et fait de la revue de code depuis plusieurs années.

Marc est un développeur junior qui fait systématiquement des erreurs dans sa revue de code, il souhaiterait s’améliorer au-delà de la pratique qui lui permettra de se perfectionner, il aimerait comprendre comment procède son collègue et peut être appliquer quelques-unes de ses méthodes de travail.

Julien va donc nous partager son comportement, c’est-à-dire tout ce qu’il fait, voit, entend, comprend, et se dit avant de commencer à relire le code :

« Je récupère le code sur mon poste car je vais devoir démarrer l’application. Je fais un test fonctionnel en relisant l’User Story (US) pour voir si les résultats demandés sont ceux attendus. Je vais regarder ce qui a été fait et qui ne rentre pas dans le cadre de l’US.

Il faut que le relecteur fasse attention à l’aspect non-régression.( …)

Parfois, tu trouves des éléments qui n’ont rien à voir avec la user story et qui ont déjà été faits, dans ce cas-là je regarde ce qui a été fait et je teste pour vérifier que cela n’a pas cassé quelque chose.

Je lance l’ensemble des tests unitaires et je vérifie qu’on est toujours à 100% de couverture et aucun test en erreur.(…)

Je vais regarder dans chaque fichier pour modifier un petit peu tout ce qui a attrait aux bonnes pratiques : est-ce qu’il y a de la documentation qui manque et est ce qu’elle est compréhensible.

Je regarde si je respecte les bonnes pratiques de la communauté et pas forcément un référentiel qui fait foi. »

Tout au long de la description de Julien, Marc sera assis à côté les yeux fermés avec pour objectif de visualiser tout ce que fait Julien. Mon rôle, à ce moment-là, sera de m’assurer que la façon de procéder de Julien est acceptable pour Marc (c’est-à-dire en accord avec ses convictions en matière d’écologie) et qu’il est en mesure de se l’approprier.

Ensuite, Julien parlera de ses « croyances » quand il fait la relecture de code : « il faut que le besoin soit satisfait sinon autant ne pas faire d’application. Un produit qui ne correspond pas à ce qui est demandé, c’est un travail qui n’est pas de qualité et donc un produit inutile. (…)

Ce n’est pas compliqué, ce n’est pas de la rigueur, je le fais parce que c’est nécessaire.

Si je ne le fais pas je ne sais pas pourquoi les autres le feraient »

De son côté Marc, écoute Julien et je confirme auprès de lui qu’il peut adhérer à ses croyances pour les faire siennes afin de faciliter son apprentissage de la relecture de code.

Nous continuons sur le même procédé pour les valeurs, les perceptions et l’organisation de Julien.

A la fin de l’échange qui aura duré une heure, il est temps de faire le bilan avec Marc et Julien de cette séance de modélisation de l’expertise.

Le bilan :

L’exercice de modélisation a permis à Marc de réfléchir à ses propres modes de fonctionnement et de comprendre ceux de Julien. Ainsi, il n’hésitera pas s’il doit collaborer à des personnalités comme Julien de mettre en avant ce qu’il a appris pendant ce travail de modélisation pour pouvoir mieux travailler avec eux.

Marc a été aussi à même d’imaginer et de se projeter dans différentes situations où ses connaissances lui seront utiles en tant que développeur.

Ainsi, je ne peux que recommander la pratique de la PNL avec ses techniques et outils pour compléter l’apport de l’Agilité auprès des équipes ou des organisations. La PNL peut être en particulier utile pour les contributeurs de type SM, RTE, Managers, coachs dont la responsabilité première est de développer un environnement favorable à l’atteinte des objectifs de l’organisation. En tant que coach Agile cette pratique apporte de nouvelles perspectives et de nouvelles hypothèses de travail pour accompagner le changement au sein d’organisations qui souhaitent évoluer vers une culture apprenante au service de l’innovation et de la performance.

Le cabinet inspearit acteur majeur en France sur les transformations d’organisations, compte au sein de ses effectifs des consultants certifiés en coaching pro et sur des pratiques complémentaires comme la PNL ou la CNV qui leur permettent d’avoir un impact différenciant dans la conduite du changement.

Christelle Thomert, Senior Agile at Scale Consultant

Publié le 30/05/2024